Marginal suspecté d'être un loup-garou condamné à mort en 1574




C'est en Franche-Comté, à la fin du XVIe siècle, qu'un cas de lycanthropie? fut officiellement répertorié dans les annales de la justice française.
Au cours de l'automne 1573, près de la ville de Dole, la famine fait des ravages. Les habitants n'étaient toutefois pas au bout de leurs malheurs : on découvrit en effet au cours de la mauvaise saison les corps dévorés et mutilés de six jeunes enfants âgés de 6 à 12 ans. On s'aperçut, en étudiant les cadavres, qu'ils avaient été tués par des loups, aucune preuve d'attaque par un homme ne fut trouvée. Les autorités donnèrent l'ordre de courir la campagne avec « épées, hallebardes, piques, arquebuses et autres bâtons », et l'on finit par ramener Gilles Garnier, un marginal qui vivait avec sa femme dans la forêt, à l'ermitage Saint-Bonnot.
Celui-ci, n'arrivant pas à subvenir à ses besoins et à ceux de sa femme en ces temps de disette, avait d'abord attaqué une fillette d'une dizaine d'années dans les vignes proches de Dole, avant de l'emporter dans les bois, la déchirant de toutes parts. Trouvant cette viande délicieuse, il en avait ensuite ramené chez lui pour l’offrir à sa femme. Une semaine plus tard, lors des fêtes des la Toussaint, il attaqua — toujours sous l'apparence d'un loup — une autre fillette près du village de La Pouppée. Il était sur le point de la tuer lorsque quelqu'un survint, le mettant en fuite. Encore une semaine après, il agressa un jeune garçon à quelques kilomètres de Dole.
Il fut également accusé d'avoir agressé (cette fois-ci sous son apparence humaine) un garçonnet, l'étranglant et commençant à le dévorer dans la forêt. Il ne put terminer sa sinistre besogne car là encore, des personnes survinrent : malheureusement, l'enfant était déjà mort à cet instant, et ils ne purent le sauver.
D'autres enfants furent tués avant que l'on vienne l'amener devant un tribunal. Là, il finit par avouer, puis on le jugea coupable le 18 janvier 1574, avant de le condamner à être traîné sur une claie de par la ville avant d'être brûlé vif.

M. Daniel d'Ange, alors doyen de l'église de Sens, commenta ainsi le rapport du procès de Garnier :
« Gilles Garnier, lycophile, comme il me plaît de l'appeler, menait une vie d'ermite jusqu'au jour où, ayant pris femme et n'ayant pas les moyens de nourrir une famille, il prit l'habitude ainsi qu'il arrive souvent à des êtres rudes, méfiants et désespérés, de parcourir les bois et les lieux sauvages. C'est là qu'il fit un jour la rencontre d'un fantôme à forme humaine qui lui dit pouvoir faire des miracles. Il prétendit qu'il pouvait lui enseigner l'art de se métamorphoser à son gré en loup, en lion ou en léopard, et le loup étant l'animal le plus commun dans ces contrées, Garnier choisit le loup. Il se déguisa en cet animal, en prit la forme au moyen d'un certain onguent, toutes choses qu'il a confessées avant sa mort, après avoir reconnu l'horreur de ses actions. »
Le cas Garnier marqua tellement les esprits qu'un décret autorisant les habitants de la région de Dole à poursuivre les loups fut voté, ce qui était contraire à toutes les réglementations de chasse en vigueur à l'époque.

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